Les looks épurés de Mariano Fortuny et d’Issey Miyake

La question de savoir si la haute couture doit répondre à des critères artistiques ou à des aspects pratiques a plané sur l’industrie de la mode pendant des années sans jamais vraiment trouver de réponse. Si certains couturiers ont opté pour des styles plus conceptuels, d’autres préfèrent le classicisme et s’attacher aux matières.

Le plissage fin est un bon exemple de création à des fins pratiques qui transcende la fonctionnalité, permettant au créateur d’utiliser son imagination afin d’explorer toutes les possibilités de la robe et d’apporter une qualité tridimensionnelle à l’apparence généralement plate du plissé.

Les premières expériences de création de robes finement plissées ont eu lieu à Venise au début du XXe siècle par Mariano Fortuny. Il a été inspiré par une variété de cultures et de périodes historiques librement adaptées.

Il s’est principalement basé sur le style des tuniques grecques antiques et a utilisé des mètres de soie plissée richement colorée dans de longues robes fourreau qu’il a baptisées Delphos. Concernant sa technique, brevetée en 1909 mais jamais vraiment révélée, de nombreuses hypothèses ont été émises selon lesquelles la soie était plissée lorsqu’elle était humide et cousue pour maintenir les plis en place pendant le processus de chauffage. Nous savons que des tubes horizontaux chauffés ont également été utilisés pour ajouter une ondulation au tissu déjà plissé.

Le plissage a ainsi conféré au tissu une qualité élastique, de sorte que, sans l’utilisation de pinces ni de baleines profilées, la robe épousait parfaitement les courbes du corps. Il y avait aussi une sorte de système caché de poulies pour fermer le vêtement, impliquant un laçage et de lourdes perles de verre vénitiennes en contrepoids.

Un style très similaire de plissé fin est utilisé dans la collection Pleats Please d’Issey Miyake. Une des principales différences entre Fortuny et Miyake, outre le fait que les processus d’aujourd’hui sont beaucoup plus automatisés, réside dans l’utilisation d’un tissu 100 % polyester chez le styliste japonais par opposition au 100 % soie chez Mariano Fortuny. C’est la différence entre une fibre synthétique qui a des qualités thermoplastiques et une fibre naturelle qui n’en a pas. Cette qualité permet à la fibre d’être moulée par la chaleur et la pression, pour qu’elle conserve ensuite sa forme, même après le lavage du tissu. Cette qualité explique pourquoi bon nombre des tissus et des styles de plissés d’aujourd’hui sont réalisés en matière synthétique.

Miyake a commencé ses expériences de plissage fin en 1988, et les premières pièces sont apparues dans sa collection printemps-été 1989. Contrairement à Fortuny et à d’autres, Miyake a d’abord conçu la forme du vêtement, puis plissé la forme finie. La méthode conventionnelle consiste au contraire à plisser le tissu puis à le découper en suivant le patron.

Mariano Fortuny et Issey Miyake, bien qu’à des époques différentes, ont prouvé que les vêtements peuvent être à la fois fonctionnels et élégants, tout en restant abstraits, intellectuels, et en libérant les femmes du carcan des vêtements classiques.

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